Al
principio, la ciudad era sólo palabras. Amontonadas unas encima de otras,
formando edificios, farolas, perros y nubes. Después las personas, atraídas por
las palabras, comenzaron a llegar en manadas, buscando cosas que decir,
formando frases para decirse unos a otros. Y amándose y odiándose con las
palabras, que se iban gastando poco a poco, como la ciudad que se iba quedando
sin ellas. Los edificios perdieron plantas, las farolas apenas daban luz, los
perros ya no ladraban a sus dueños y las nubes perdieron sus formas. La ciudad
entonces se quedó en silencio, y todos se miraban sin saber qué decir ni qué
hacer. Sin saber que en otro sitio, lejos de allí, otra ciudad se levantaba con
las mismas palabras, formando puentes, ríos, vallas y calles. Y que esperaría
allí, erigida, a que los hijos de las personas que una vez llegaron, marcharan
para tener otra vez cosas que decir. Y empezar de nuevo.
At first, the city
was just words, piled on top of each other, making buildings, lampposts, dogs
and clouds. Afterwards, people, attracted by the words began to arrive in
flocks, looking for things to say, creating sentences to say to each other.
They also loved and hated with the words, which were being used up bit by bit,
just like the city which was falling short of them. Buildings lost stories,
lampposts hardly lit up, dogs no longer barked and their masters and the clouds
lost their shapes. The city then fell into silence and everyone looked at each
other, not knowing what to say or do. Ignorant to the fact that elsewhere, far
from there, another city was being created with the very same words, making
bridges, rivers, fences and streets. There it would await the children of those
who once arrived and then left to find things to say again. To start again.
« Au début la ville n’était que mots. Entassés les uns sur les autres, ils formaient des bâtiments, des réverbères, des chiens et des nuages. Ensuite les personnes, attirées par les mots, ont commencé à arriver en grand nombre, en cherchant des choses à dire, en formant des phrases à se dire les uns aux autres. Et elles s’aimaient et se haïssaient avec les mots qui, du coup, s’usaient peu à peu, comme la ville qui en était privée. Les bâtiments perdaient des étages, les réverbères ne donnaient plus qu’une faible lumière, les chiens n’aboyaient plus leurs maîtres et les nuages perdaient leurs formes. La ville alors ne fut plus que silence, et tous se regardaient sans savoir quoi dire ni quoi faire. Sans savoir que quelque part, loin de là, une autre ville était érigée avec les mêmes mots, qui formaient des ponts, des rivières, des clôtures et des rues. Et qu’elle allait attendre là, debout, que les enfants des personnes qui un jour étaient venues, se mettent en marche pour avoir encore des choses à se dire. Et recommencer »
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